Chi Kung : la thérapie par la relaxation.
Par Aline Charest . Reproduit avec permission

Les illustrations et tableaux inclus dans l’article original ne sont pas reproduits ici.

« Le Chi Kung ou Qi Kong est un art chinois qui peut être utilisé comme technique de relaxation et de dynamisation pour les gens souffrant de troubles anxieux ou qui sont dépressifs et pour certains cas de maladies psychosomatiques, comme la fibromyalgie, le syndrome de fatigue chronique, l’épuisement professionnel. Il peut être aussi une approche intéressante dans les cas de toxicomanies pour rétablir l'équilibre en modifiant les comportements », affirme le Dr Claude Fournier, omnipraticien en santé mentale au CLSC Laurentien.

Le mot Chi Kung signifie travail de l’énergie. Ce qu’on appelle le Chi en chinois est l’équivalent du Ki en japonais. « Dans la philosophie chinoise, le Chi est l’énergie qui supporte tout ce qui vit dans l’univers. En entrant en contact avec ce Chi, par différentes techniques, l'individu est amené à renforcer sa propre énergie et à combler ses manques ou carences, explique le Dr Fournier. Les Orientaux considèrent que cette énergie a des effets tant sur les plans physique et psychologique que spirituel. »

L’acupuncture aurait environ 3000 ans, alors que, selon l’histoire écrite, le Chi Kung date de 4000 à 5000 ans. Il existe diverses techniques de Chi Kung, qui peuvent être regroupées selon trois formes de pratique: le Chi Kung médical, le Chi Kung martial, plus connu, et, enfin, le Chi Kung spirituel. « La technique de Chi Kung que je fais pratiquer aux patients, appelée le Zhan Zhuang, découle à la fois des arts martiaux et de la médecine chinoise, précise le Dr Fournier. Elle consiste en différents mouvements des bras et du corps, en position debout, qui amènent l'énergie à circuler dans des endroits où elle peut être bloquée. Et, comme le corps et l'esprit sont reliés, ces mouvements ont aussi un effet bénéfique sur la condition mentale de l'individu. »

Le Zhan Zhuang est pratiqué aux États-Unis, notamment au Bronx Veterans Affairs Hospital, dans le cadre d’un programme de réhabilitation pour vétérans toxicomanes ou aux prises avec le syndrome de stress post-traumatique. Il fait aussi partie du programme de doctorat en psychologie au California Institute of Integral Studies.


Le zhan zhuang pour retrouver l’équilibre

Zang Zhuang veut dire « se tenir debout comme un arbre ». Cette discipline méditative a été élaborée il y aurait environ 2000 ans par un philosophe taoïste qui se serait inspire de la croissance des arbres. « Nous retrouvons la première référence connue pour ce genre d’exercices dans le Huang-Ti Nei Ching ou Classique de médecine interne de l'empereur jaune, qui est probablement le plus ancien livre connu de l'histoire médicale. Mais cc n’est qu’en 1950 que le maître Wang Xiang Zhai l'introduisit dans le système de santé de l’époque. »

La première position du Zhan Zhuang correspond au premier et au dernier des 108 mouvements du tai chi. Il s’agit de la position debout, dite « naturelle », à laquelle s’enchaînent sept autres positions des bras autour d’un ballon imaginaire que l’on déplace devant soi. Cet exercice dure de 40 à 60 minutes, ce qui a pour but de faire circuler de nouveau l'énergie dans les régions carencées. « On pourrait dire que le Chi Kung, c’est de l'acupuncture sans aiguilles », ajoute le Dr Fournier.

« En fait, cette forme de Chi Kung est basée sur notre capacité naturelle à se tenir debout et sur notre équilibre, qui dépend de notre centre de gravité tant au niveau physique que psychologique. C’est à ce dernier niveau que cette technique intervient efficacement dans les problèmes de santé mentale, quand l’individu réussit à trou-ver l'équilibre de son centre psychologique par rapport à ce qui l'entoure, explique le Dr Fournier. La pratique du Zhan Zhuang permet d'éliminer certaines inhibitions, défenses et blocages au niveau des méridiens, qui, pour les Orientaux, sont les circuits énergétiques du corps.

Une approche de groupe

En 1995, le Dr Fournier a commencé à se servir du Chi Kung comme approche de groupe dans le traitement des troubles anxieux et des états dépressifs. « Je connaissais la technique de relaxation de Jacobson, mais j’avais également une expérience de la pratique des arts martiaux, notamment du Kung Fu. Je suis parti de mon expérience personnelle, c’est-à-dire de la détente que cela me procurait, pour approfondir mes recherches dans ce domaine, ce qui m’a fait découvrir les huit positions de base du Chi Kung. Cette technique a été adaptée à une partie spécifique de la clientèle du CLSC", dit le Dr Fournier, qui a pratiqué le Chi Kung avec un professeur chinois, au Vermont.

Le Chi Kung se pratique au CLSC Laurentien depuis deux ans, à raison d’une fois par semaine, ainsi qu’au Centre multiethnique de Québec. Les personnes inscrites au programme doivent compléter chaque séance par une pratique quotidienne de 20 à 45 minutes. "L'avantage d’utiliser le Chi Kung avec des gens d’origines diverses, c’est que les explications sont tellement simples que même les personnes qui ne comprennent pas le français peuvent suivre facilement. Étant donné que c'est une technique basée sur le corps, la culture a moins d’importance."

Les résultats

Les résultats thérapeutiques sont intéressants. Durant l’année 1996-1997, trois sessions de 10 semaines chacune ont été offertes à 18 personnes, soit 15 femmes et 3 hommes. La moitié de cette clientèle était constituée de femmes âgées de 30 a 39 ans, deux femmes avaient moins de 20 ans et trois plus de 50 ans.

Un questionnaire a permis de recueillir les évaluations de 13 patients sur 18. « Nous avons surtout noté une amélioration de la concentration, du sommeil, et une diminution des douleurs, des ten-sions musculaires et des maux de tête, précise le Dr Fournier. Des effets psychologiques non négligeables se sont traduits par une di-minution du sentiment de culpabilité et une augmentation de la confiance en soi. Par contre, pour ce qui concerne les phobies et la fatigue intellectuelle, les résultats ont été plutôt faibles. « Devant les résultats de bien-être obtenus, nous avons décidé de proposer des séances régulières de Zhang Zhuang à un groupe ouvert. »

"Bref, le programme a répondu aux attentes de 12 des participants et le symptôme ciblé s’est amélioré, à divers degrés, dans la moitié des cas. Plusieurs des patients qui ont participe aux groupes fermés sont revenus. Il faut se rappeler que le Chi Kung est une hygiène de vie plutôt qu’une médecine miracle: quand on arrête de la pratiquer, on en perd les bénéfices ! ", conclut le Dr Fournier.

1998/05/06 p.14.
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