Qigong et Cancer
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Article tiré de la Revue du REIQCS (Réseau d'échange d'information du Québec sur le cancer du sein), Vol.3 No.1
Propos recueillis par Danièle Blain, Montréal.

Comme bien des gens, Lisette Daigle a découvert le tai chi taoïste par hasard. De son propre aveu "pas vraiment sportive, mais relativement en forme", familière avec la méditation, l'enchaînement des mouvements lents, tout en détente, l'intriguait. C'était il y a sept ans, presque trois ans après son face à face avec le cancer qu'elle avait vaincu après une double mastectomie.

C'est dire qu'à cet égard elle n'avait pas d'attentes particulières, les premiers effets bénéfiques sont donc arrivés comme une heureuse surprise. "Comme toutes les femmes qui ont subi ce genre d'intervention,j'avais des problèmes avec ma circulation lymphatique, avec tout ce que ça entraîne. Par exemple, lorsque je levais les bras au-delà d' une certaine hauteur, j'avais l' impression qu' ils étaient déconnectés de mon corps! Par rapport à ça, j'ai constaté un changement presque tout de suite au tout debut lorsque j'effectuais les mouvements, mes bras ne suivaient pas, mais très vite le tai chi m'a aidée à rétablir le contact."

"Dans tous les cas de cancer du sein, le tai chi taoïste contribue de façon remarquable à réduire le lymphoedème associé à la dissection de nodules, ainsi que la douleur" confirme Elliot Kravitz, médecin et professeur à la Faculté de médecine et au Centre hospitalier de l'Université McGill. Il pratique le tai chi depuis 16 ans et agit comme conseiller médical auprès de Ia Société de tai chi taoïste au Québec et de la Société intemationale de tai chi taoïste. Fondée au Canada en 1970 par Maître Moy Lin-shin, un moine taoïste, la Société compte quelque 15,000 membres en Amérique du Nord seulement. Au Québec. la Société compte 28 sites, répartis dans toutes les regions.


Le tai chi du point de vue de la médecine occidentale

"Je voudrais d'abord préciser une chose. Je suis un médecin qui pratique la médecine occidentale. Donc, lorsque je parle du tai chi, je le fais depuis une perspective de médecine occidentale. Si j'en parlais du point de vue de la médecine orientale, qui privilégie une approche fonctionnelle, il serait question du "chi" (l'énergie vitale), du "jing" (les fluides vitaux), du "shen" (l'esprit), du yin et du yang, etc. La médecine occidentale, elle, privilégie une approche structurelle. Il est regrettable que, trop souvent, on les oppose dans I'espoir de pouvoir décréter qu'il y en a une qui est supérieure à l'autre; ce sont simplement deux choses différentes."

"La médecine occidentale a accompli en très peu de temps des progrès remarquables dans la compréhension et le traitement du cancer, dans l'usage de la chimiotherapie et de la radiothérapie avec une réduction de la mortalité et de la morbidité. Et parce que nos journées n'ont que 24 heures, les efforts que nous faisons en vue d'approfondir notre compréhension de la maladie et d'affiner nos méthodes thérapeutiques sur la base d'une compréhension structurelle de la maladie, mobilisent toutes les énergies humaines et matérielles que nous pouvons y consacrer. Il serait donc stérile d'accuser la médecine occidentale de ne pas aborder une maladie comme le cancer d'un point de vue fonctionnel, alors qu'elle choisit simplement de se concentrer sur autre chose. Mais en même temps, il est clair pour moi qu'il y a un rôle pour l'interaction entre les deux approches. En ce sens, je dirais que le tai chi taoïste peut constituer un merveilleux traitement complémentaire à quelque forme de traitement du cancer du sein que ce soit."

"Voyez-vous, fondamentalement, le tai chi taoïste nous réapprend à utiliser nos corps de facon naturelle. Je vous donne un exemple : si vous ne savez pas comment fonctionne une voiture et que vous poussez toujours le moteur à son maximum tout en négligeant d' effectuer vos changements d'huile, vous ne pourrez pas accuser le manufacturier s'iI brise. Mais une fois que vous avez compris comment ça marche, il y a de bonnes chances pour que vous utilisiez votre véhicule autrement! C'est la même chose avec le corps. On a une forme humaine naturelle avec laquelle on perd peu à peu le contact. Lorsqu'enfant, on met des chaussures, on perd contact avec le sol et on change de posture. Les vêtements ont le même effet. Pius tard, qu'on soit grand ou petit, tous les bancs d'école ont la même taille, ce qui nous oblige à de nouvelles adaptations posturales. Je ne nierais jamais le confort des chaussures et des vêtements ni les bienfaits de l'éducation, mais quelque part, tout ça a un coüt! En Occident, nous sommes conscients que le corps a une forme idéale et un fonctionnement optimal, mais souvent, c'est lorsqu'on fait face à la maladie qu'on prend la mesure de ce qui nous sépare de cette forme ou de ce fonctionnement."


Apprendre à son rythme

"Il n'y a pas deux individus qui apprennent le tai chi taoïste de la même facon, lui fait écho Lisette Daigle, qui est aussi institutrice accréditée bénévole, comme tous ceux et celles qui enseignent le tai chi à la Société. C'est un processus tellement personnel, tellement lié à la compréhension que chaque personne a d'elle-même! C'est une méthode douce et absolument non-compétitive : chacun y va à son rythme et selon sa disponibilité." Confort oblige, les vêtements amples, s'ils ne sont pas de rigueur, sont privilégiés par la grande majorité. "Au début, j 'étais assez consciente de mon corps, mais le climat relax qui prévaut dans les classes fait que c'est quelque chose qu'on oublie assez vite, dit-elle encore. Pour ma part, en plus de l'effet au niveau de Ia circulation, ça m'a tout de suite donné tellement d'énergie. Quand je rentrais après mon cours pas moyen d'aller dormir! Moi qui pensais que j'étais en forme parce quej'avais des bons muscles dans les jambes, je me suis vite rendue compte qu'en réalité j'avais les jambes plutôt faibles!"

"Le tai chi taoïste peut contribuer à régler ou à alléger bien des problèmes de santé, poursuit Elliot Kravitz, c'est un exercice cardio-vasculaire modéré, bon pour les probhèmes respiratoires chroniques, les problèmes cardio-vasculaires ou cérébro-vasculaires. Il est recommandé aux personnes souffrant d'ostéoporose et on note des améhiorations dans l'état des personnes atteintes de la maladie de Parkinson, de sclérose en plaques ou d'arthrite rhumatoïde. Le tai chi est une méditation, donc efficace contre les problèmes d'anxiété. Il procure en outre un sentiment général de bien-être, ce qui est bon pour l'amélioration des fonctions immunologiques et notamment des lymphocytes-t (des globules blancs qui font partie du système immunitaire,). Tout ça se trouve dans la littérature médicale occidentale. Bien sûr, on peut toujours débattre de la validité de ces études, mais elles sont là et le débat est ouvert."

"Dans le cas particuhier du cancer du sein, le tai chi taoïste, comme nous l'avons dit, favorise la mobilisation du drainage lymphatique et des muscles de la cage thoracique; ce qui aide à réduire la douleur. À un autre niveau. c'est aussi une merveilleuse activité sociale, un lieu où on peut, au sein d'un groupe, retrouver un sentiment de bien-être et une perception positive de soi", précise-t-il. "Quand une personne qui a ignoré son corps pendant plusieurs années ou qui a été confrontée à la maladie commence à le redécouvrir ou à le retrouver dans son intégrité, ceha a un effet immédiat. On voit même les gens commencer à marcher différemment! Enfin. psychologiquement, le tai chi aide à briser ce processus mythologique de la maladie. Sans jouer sur les mots. il ne faut jamais perdre de vue qu'il y a une différence fondamentale entre être malade et avoir une maladie. Une personne en santé peut avoir un problème de santé et un cancer du sein peut être soigné d'un point de vue médical dans un contexte où cette personne continue de s' occuper de sa santé de façon proactive. En ce sens, le tai chi taoïste, conçu spécifiquement comme un art de santé, peut s'avérer un merveilleux traitement complémentaire."


Lectures suggérées *

1. Jin, P. Changes in heart rate, noradrenaline, cortisol and mood during Tai Chi. Journal of Psychosomatic Research, 33(2), pp. 197-206, 1989.

2. Kirsteins AE, Dietz F, Hwang SM. Evaluating the safety and potential use of a weight-bearing exercise, Tai-Chi Chuan, for rheumatoid and arthritis patients. American Journal of Physical Medicine & Rehabilitation, 70(3), pp. 136-141, June 1991.

3. Schneider D, Leung R. Metabolic and cardio-respiratory responses to the performance of wing chun and tai chi chuan exercise. International Journal of Sports Medicine, 3(12), pp. 319-327, June h991.

4.Sun XS, Xu Y, Xia YJ. Determination of E-rosette-forming lymphocytes in aged subjects with taichiquan exercise. International Journal of Sports medicine, 10(3), 217-219, June 1989.

* Disponibles auprès de la Société de tai chi taoïste du Canada: 514-252-7271.

Le Tai Chi taoïste, un art de santé

Préambule

Le taijiquan (tai chi) peut être considéré comme une forme de qigong. L'article qui suit, servant d'illustration, concerne une forme particulière de cet art mais les bénéfices de la pratique peuvent également se retrouver avec les autres styles (Chen, Yang, Wu, Sun). L'état d'esprit dans lequel la forme est exécutée est davantage important que cette dernière.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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