Dans la langue chinoise, zhan veut communément dire "se tenir debout" mais des significations comme immobilité, anticipation et clairvoyance lui sont aussi associées. Nous pouvons également lui prêter le sens de rétablissement, de restauration d'un état initial comme celui du passage de la maladie à la santé.

Zhuang, quant à lui, signifie pilier ou fondation, d'où " se tenir debout comme un pilier ". Plus poétiquement, nous disons " se tenir debout comme un arbre". Le caractère signifiant " bois " (en vert) est d'ailleurs inclus dans l'idéogramme zhuang.

La pratique du zhan zhuang comporte donc l'adoption d'une série de postures en position debout et mise sur la capacité de guérison inhérente à chaque personne. Elle s'insère au sein d'un vaste ensemble de disciplines très diversifiées et regroupées actuellement sous le vocable de qigong. Si nous voulions situer le zhan zhuang, nous pourrions le camper à l'intersection de la médecine et des arts martiaux chinois.

Histoire

Le zhan zhuang tirerait ses origines de pratiques de santé vieilles de plus de quatre mille ans mais la discipline comme telle aurait été fondée il y a deux mille ans par Wang Chong-Yang, un philosophe inspiré par la croissance des arbres.

La première référence connue pour ce genre d'exercices fut découverte dans le Huang Ti Nei Ching (Classique de médecine interne de l'Empereur Jaune, 2690-2590 av. J.C.), probablement le plus ancien livre connu de l'histoire médicale. Tel que rapporté, nous pouvons y lire:

" J'ai entendu dire que dans les temps anciens, il y avait des êtres possédant un grand esprit (des sages avec de larges connaissances et une compréhension très profonde).

Ils se tenaient debout entre Ciel et Terre, reliant l'Univers. Ils avaient compris et étaient capables de contrôler le Yin et le Yang, les deux principes fondamentaux de la nature. Ils inspiraient l'essence vitale de la vie.

Ils gardaient leurs esprits immobiles. Leurs muscles et leurs chairs étaient inséparables. C'est le Tao, la voie que vous cherchez. "

Une autre référence très ancienne se retrouve dans le " Tao Teh Ching ", livre classique de la philosophie taoïste attribué à Lao Tseu, lequel vécut durant la dynastie Jou (1122-934 av. J.C.) :

" En se tenant seul et immuable, on peut observer chaque mystère. Présent à chaque instant et continuant sans cesse, Voilà l'accès à d'indescriptibles merveilles. "

Bien qu'ancestrale, cette forme d'exercice était tenue secrète au sein de l'élite des petits groupes fermés de pratiquants d'arts martiaux. Même en Chine, il aura fallu attendre vers les années '20 avant que cette pratique ne commence à être connue au sein de la population en général.

Nous devons la démocratisation du zhan zhuang à Wang Xiang Zhai, un maître des arts martiaux internes. Dans le début des années '50, il constata les bénéfices de sa pratique pour le bien-être général des individus et commença à l'introduire dans le système de santé de l'époque. D'ailleurs, sur la fin de sa vie, il se consacra à la guérison et à la préservation de la santé.

Nous pourrions croire ici à un juste retour des choses. En effet, jeune et asthmatique, le fragile Wang avait commencé l'étude des arts martiaux pour contrer les méfaits d'une pauvre constitution.

Maître Wang a eu plusieurs élèves au cours de sa vie et la dissémination de ses enseignements a suivi plusieurs courants. Nous dirons un mot de ceux qui ont émané de Yu Yong-Nian et de Han Xingyuan.

Maître Yu Yong-Nian, chirurgien-dentiste, a poursuivi la mission de pousser plus loin le zhan zhuang dans le domaine de la santé. En 1953, il commença à l'enseigner à l'Hôpital du Chemin de Fer de Beijing, puis à l'Hôpital Militaire de Dailin.

Cette forme de qigong est actuellement pratiquée dans plusieurs hôpitaux chinois. Les enseignements de Yu Yong-Nian sont maintenant diffusés en Angleterre et en Europe par maître Lam Kam Chuen à qui nous devons le livre La Voie de l'Energie paru initialement en 1991.

Cet ouvrage fut tiré à plus de 250,000 exemplaires et traduit en une douzaine de langues. C'est d'ailleurs grâce à lui que l'auteur de ce site a découvert le zhan zhuang en 1995.

Sur le continent nord-américain, le développement du zhan zhuang et du yiquan s'est effectué en partie grâce au maître Fong Ha, professeur de l'auteur de ce site. Pratiquant le tai chi et autres arts internes depuis de nombreuses années, il entra en contact avec le yiquan par l'entremise de Han Xingyuan de Hong Kong au cours des années '70. Ce dernier était alors reconnu comme guérisseur. Maître Han séjourna à Berkeley, Californie, en 1976 et 1977 pour y enseigner son art mais il mourut deux ans après sa dernière visite.

Lors d'un voyage ultérieur en Chine, maître Ha rencontra Cai Songfang une autre personnalité illustre du qigong. Bien que ce dernier n'ait pas étudié avec Wang, sa pratique (wuji qigong) et sa philosophie des arts martiaux s'approchaient beaucoup du yiquan. Il fut aussi invité à venir enseigner sur la côte ouest américaine. Nous retrouvons d'ailleurs un article dans le magazine " T'ai Chi " relatant un de ses passages.

Depuis plusieurs années, maître Fong Ha propage l'enseignement du zhan zhuang par le monde; nous avons d'ailleurs eu le bonheur de l'accueillir à Montréal en mai 1997. Il a écrit Yiquan and the nature of energy.

 

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